Chers lecteurs, chères lectrices,

Côté pile, l’automne, c’est le tableau magique des feuilles d’arbres qui prennent des teintes jaunes ou oranges, des ciels aux couleurs si flamboyantes qu’on les croirait réservées aux peintres.

Oui, c’est beau l’automne. Mais côté face, c’est aussi les nez qui se mettent à couler, les gens qui crachent, qui toussent, le grand débarquement des rhumes et autres infections ORL.

Alors heureusement, côté phyto, on a notre célèbre duo de choc contre les virus, un peu les Laurel et Hardy de la tisane : vous les avez reconnus, c’est le thym, et le sureau noir bien sûr !

Faites-vos exercices de thym !

Le thym est un puissant antiseptique et anti-infectieux.

Tisanes et macérats huileux de thym sont les premiers remèdes à prendre en cas d’infection respiratoire, de mal de gorge, de rhume ou d’angine.

Il permet aussi de renforcer et nettoyer le système immunitaire et soutient la fonction hépatique (foie).

J’aime particulièrement ce conseil de l’herboriste Maurice Mésségué, qui revendiquait d’«utiliser le thym comme une hygiène », presque comme un exercice !

Il s’agit, disait-il, de créer « en soi-même un terrain qui déplaît aux virus. »[1]

C’est d’ailleurs ce que faisaient nos ancêtres, allant jusqu’à se badigeonner le corps d’aromates en cas d’épidémies !

Vous pouvez y aller si ça vous tente, mais j’imagine que vous vous contenterez de boire une infusion de thym le matin et le soir, tous les jours pendant les périodes à risque. A ce moment-là, préférez les jeunes pousses, celles de janvier ou février, qui contiennent peu de composants amers.

Les bains de thym sont stimulants et fortifiants, et soulagent les rhumatisants et les personnes affaiblies. Il suffit d’ajouter à l’eau du bain une décoction d’une livre de thym dans quelques litres d’eau.

En huile essentielle, le thym est également efficace pour contrer des bactéries… pourtant résistantes aux antibiotiques[2] !

J’insiste sur un point, important quand vous en achetez : il doit dégager un parfum puissant et très aromatique et ne doit pas être terne ni poussiéreux, comme on le voit trop souvent.

Pour la préparation : Mettez une cuillère à café bombée dans 200 ml d’eau de source dans une casserole sur le feu.

Coupez-le aux premiers frémissements et laissez infuser 10 à 15 minutes à couvert. Filtrez, sucrez au miel (selon le goût), et voilà le travail !

Alors certes, remplacer le thé ou le café du matin par une tasse d’infusion de thym n’est pas une décision évidente. Mais comme l’écrit Pierre Lieutaghi dans son « Livre des Bonnes Herbes », « vous en sentirez vite les effets salutaires. On voit notamment disparaître les lourdeurs de la tête qui, en fin de matinée, sont les premières plaintes d’un estomac maltraité »…

Essayez, vous me direz si ça vous a servi !

Les drôles de secrets de l’arbre à fées

L’autre « essentiel de l’automne », c’est le sureau. Et vous connaissez certainement la légende de « l’arbre à fées » ?

C’est ainsi qu’on appelait le sureau noir au Moyen-Âge: on pensait que des fées venaient se cacher entre ses pétales, pour s’abriter du mal.

Car cet arbre était pour beaucoup un symbole de vie. L’un des derniers à s’effeuiller, l’un des plus rapides à renaître, il était souvent planté à proximité des maisons, en guise de protection.

A notre époque de science et de raison, le sureau noir est surtout reconnu comme un antiviral par les chercheurs[3].

Riche en flavonoïdes (rutoside, quercitroside, hyperoside, anthocyanes), tanins, acides phénols (acide caféique, acide chlorogénique) et mucilages, le sureau noir possède aussi de solides propriétés anti-inflammatoires – notamment du fait des anthocyanes[4].

Si l’infection ORL vous a déjà atteint, donc, je vous conseille vivement de vous servir une petite tisane journalière, tant pour contrôler l’inflammation que pour combattre le virus qui la cause !

Sans compter que le sureau noir est un « diaphorétique »[5], c’est-à-dire qu’il a la capacité d’augmenter la transpiration, un phénomène naturel jouant un rôle important dans la régulation de la température corporelle.

Les plantes diaphorétiques participent à la régulation thermique sans inhiber la fièvre, qui est un phénomène normal de défense en cas d’infection, et ne doit pas être inhibée – sauf si elle est élevée (au-dessus de 38,5 °C).

Pour une tisane, il vous suffit de de verser 10 g de fleurs par tasse dans une casserole avec de l’eau. Portez à frémissement et coupez le feu.

Laissez infuser à couvert 10 minutes. Puis, filtrez et buvez 2 ou 3 tasses par jour, jusqu’à la fin des symptômes.

Maintenant, pour finir, je sais que certains parmi vous ont du mal à « passer à l’action » avec les plantes. Et c’est vrai que certaines préparations peuvent être un peu compliquées.

Mais avec le thym et le sureau, c’est vraiment hyper simple. On les trouve absolument partout en France. Essayez-les, faites vos exercices de thym, et vous me direz si vous vous sentez mieux !

Estelle Vanier.

[1] Maurice Mésségué, « Mon herbier de santé ».

[2] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22313307/

[3] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28198157/

[4] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22129334/

[5] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7185606/