Si je vous dis thymorigansarriettebasilic ?

Vous pensez sans doute à une bonne ratatouille à la provençale de l’été dernier…

…mais je suis prête à parier que ces noms ne vous évoquent en aucun cas… un médicament contre le cancer !

Et pourtant…

Ces plantes « ordinaires » sont aujourd’hui au cœur de la recherche en oncologie ! Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elles sont prometteuses…

L’« anticancéreux en herbe » 1

C’est aux Etats-Unis, plus précisément à l’université de Purdue dans l’Indiana, qu’un groupe de pharmacologues spécialistes de phytothérapie s’est penché sur le sujet2.

Les principes actifs à l’origine de cet effet anti-cancer sont déjà connus et étudiés depuis plusieurs années3 : il s’agit de la thymohydroquinone et ses deux précurseurs thymol et carvacrol.

En « tuant » les cellules cancéreuses par un mécanisme appelé « apoptose », ils empêchent les métastases, c’est-à-dire la prolifération du cancer.

Ils ont aussi pour effet de booster le système immunitaire, réduire les effets secondaires des thérapies « classiques » contre le cancer, et présentent des propriétés antibactériennes, anti-inflammatoires et antioxydantes.

Le cocktail parfait me direz-vous ! Presque…

Car il y a un « mais ».

L’étude américaine met le doigt sur un point crucial :

« Ces plantes contiennent des composés anticancéreux précieux mais la quantité est très faible et l’extraction ne sera pas suffisante », explique l’auteur principal, Natalia Dudareva, professeur de biochimie.

Il faudrait consommer des quantités astronomiques de thym et d’origan avant d’espérer voir un bénéfice…

C’est là que la science intervient.

En comprenant en détail les mécanismes de formation de ces composés au sein de la plante, les chercheurs ont réussi à « booster » leur production et en obtenir des niveaux bien plus élevés !

Cette étude ouvre la voie à ce qu’on appelle l’ingénierie des plantes, c’est-à-dire la manipulation du métabolisme de la plante pour obtenir un produit.

Et cela ne s’applique pas uniquement au thym et au basilic !!

Ces travaux pourront être utiles pour l’ensemble de la recherche en sciences végétales !

Et enfin donner la part belle aux plantes dans le traitement de maladies aussi graves que le cancer, par exemple.

Une belle musique d’avenir… 

En attendant, n’oubliez pas que ces plantes sont plus que de simples aromates pour vos petits plats… Ils sont un véritable atout santé !

Une forme plus concentrée : les huiles essentielles

De manière générale, les plantes aromatiques sont aussi de très bonnes productrices d’huiles essentielles (HE) !

L’HE de Thym à Thymol, par exemple, ou encore l’HE d’Origan, très riche en carvacrol, sont connues pour être des huiles anti-infectieuses très puissantes.

Elles combattront efficacement les infections « difficiles » et récurrentes, les états grippaux et les fatigues physiques et psychiques.

Attention cependant, car leur utilisation nécessite quelques précautions importantes !

1. Elles sont très dermocaustiques : il ne faut donc surtout pas les utiliser sous leur forme pure en application cutanée ! Diluez-les à 5% dans une huile végétale (1 goutte d’HE dans 20 gouttes d’huile végétale).
Puis appliquez sur la plante des pieds, le bas du dos, ou le long de la colonne vertébrale, 2 à 3 fois par jours pendant 4 à 5 jours4.
2. De plus elles ne doivent pas être inhalées, et elles présentent plusieurs risques notamment pour les enfants, les femmes enceintes ou allaitantes, et les personnes asthmatiques ou épileptiques.

En résumé, ce sont des huiles essentielles à réserver aux cas de grosses infections, comme une grippe violente par exemple, de préférence sur avis médical.

Mais je vous rassure, un peu d’origan parsemé sur vos salades de tomates ne vous sera d’aucun danger… bien au contraire !

Prenez soin de vous,

Estelle Vanier

Sources :

[1] https://www.santelog.com/actualites/phytotherapie-un-anticancereux-en-herbe

[2] Krause, S. T., Liao, P., Crocoll, C., Boachon, B., Förster, C., Leidecker, F., … & Degenhardt, J. (2021). The biosynthesis of thymol, carvacrol, and thymohydroquinone in Lamiaceae proceeds via cytochrome P450s and a short-chain dehydrogenase. Proceedings of the National Academy of Sciences, 118 (52)

[3] Yasmina K. Mahmoud, Heba M.A. Abdelrazek, Cancer: Thymoquinone antioxidant/pro-oxidant effect as potential anticancer remedy, Biomedicine & Pharmacotherapy, Volume 115, 2019, 108783, ISSN 0753-3322

[4] https://www.compagnie-des-sens.fr/huile-essentielle-thym-a-thymol/