Chère lectrice, cher lecteur,

Le cataplasme, pourquoi ça marche ?

Comment se fait-il qu’en appliquant sur la peau cette préparation – généralement à base de plantes, de fruits, d’algues ou de légumes – qui peut être chaude, froide, cuite ou diluée, on parvienne à soulager la douleur, à assainir une plaie, à guérir l’eczéma, désencombre les bronches ou même à consolider une fracture ?

Ça paraît trop simple !

Et pourtant…

Non seulement l’idée de mettre sur la peau un peu de plante écrasée ou de terre argileuse est aussi vieille que l’homme lui-même, mais surtout la science permet aujourd’hui de mieux comprendre les raisons objectives de l’efficacité des cataplasmes.

Il y a d’abord bien sûr l’action thermique : la chaleur entraîne une dilatation des vaisseaux et une meilleure circulation du sang. Elle apaise, réconforte, soulage les spasmes et les tensions.

Le froid de son côté génère une contraction des vaisseaux et dissipe les congestions ou contusions. Il calme les douleurs aiguës de l’arthrite ou celles dues à l’inflammation d’un nerf. Le tiède, enfin, est souvent utilisé pour soulager les douleurs chroniques non inflammatoires.

Ensuite, les substances contenues dans les actifs naturels (plantes, argiles, algues, etc.) vont pénétrer la peau, qui les absorbe facilement.

Intéressant à noter : on utilise parfois des plantes révulsives (moutarde, piment, gingembre) pour irriter la peau.

« L’organisme provoque alors un afflux sanguin en réaction sur la zone concernée, pour apporter plus rapidement des molécules anti-inflammatoire, des anticorps ou d’autres substances du système immunitaire. La zone malade ciblée par le cataplasme s’en trouve plus vite traitée, apaisée et drainée » explique l’herboriste Christophe Bernard.

Le cataplasme soulage soit directement la peau, en cas de brûlure ou de démangeaison par exemple, soit les tissus profonds en cas de douleur articulaire ou musculaire, d’œdème ou d’encombrement respiratoire.

Attention bien sûr au risque de brûlure avec le cataplasme chaud, que l’on proscrit dans les cas de fièvres, inflammations ou maladies cardio-vasculaires. Ils sont à éviter également chez les personnes âgées et les enfants de moins de 10 ans, pour qui on utilisera de préférence des cataplasmes tièdes (moins de 38 ° C).

Un grand classique : le cataplasme de chou 

Je vous propose maintenant la recette d’un grand classique : le cataplasme de chou contre les douleurs, dans la version du naturopathe Julien Kaibeck 1 : « Ce cataplasme consiste à appliquer des feuilles de chou écrasées, crues ou légèrement précuites, sur une zone du corps douloureuse ou problématique ».

C’est en réalité le suc du chou, imprégné dans la feuille, qui va agir…Ce cataplasme est recommandé en particulier pour les douleurs rhumatisantes, la bronchite, le mal de dos, le mal d’estomac ou la mauvaise digestion, et les ulcères variqueux.

Préparation :

  • Choisissez un chou pommelé vert, bio de préférence.
  • Coupez le chou et sélectionnez 3 à 6 belles feuilles adaptées à la zone à traiter. Elles peuvent être cassées, mais vous devrez couper les grosses tiges fibreuses s’il y en a, de façon à ce que la feuille soit lisse.
  • Sur une grande planche, superposez 3 feuilles, puis passez-les au rouleau à pâtisserie ou roulez une bouteille en verre dessus. Les feuilles doivent s’aplatir et s’enduire de leur propre suc.
  • Appliquez les feuilles humides de leur jus sur la zone à traiter. 3 couches de feuilles suffisent.
  • Couvrez ensuite avec un linge, ou avec du cellophane, et faites un bandage normal, pas trop serré (c’est important), pour faire tenir le cataplasme.
  • Laissez poser de 2 à 6 heures pour les affections articulaires et musculaires, 20 minutes pour les irritations ou brûlures cutanées. Vous pouvez le laisser une nuit maximum. Si vous avez posé le cataplasme sur une peau variqueuse ou abîmée (eczema, zonas, engelures, dartres, crevasses, irritations), alors vous devez changer le cataplasme après 2 heures au plus tard.

A la moindre réaction insupportable (picotements) n’insistez pas et ôtez le cataplasme. Rincez à l’eau courante.

Cataplasme niveau 2 : le cataplasme de plantes fraîches 

L’idéal est alors de cueillir les plantes au jardin – mais soyez bien sûr de ce que vous ramassez !!!

Pour profiter des vertus des plantes fraîches, il faut libérer leurs actifs soit en les pilant au mortier, soit en les mâchant directement sans en avaler le jus.

Ensuite, déposez la plante ainsi préparée sur une gaze et appliquez directement à l’endroit désiré. On maintient le tout avec du film étirable, une bande de contention élastique ou un tissu.

On peut également recourir à un liant comme de la farine de lin de fenugrec, d’orge, de seigle ou du son de blé ou d’avoine avec en proportion 1/4 de plante pour 3/4 de farine. Idéal pour couvrir les zones étendues ou pour maintenir un peu de chaleur.

Niveau 2 bis : le cataplasme de plantes sèches 

Elles sont relativement faciles à trouver en pharmacie ou en herboristerie. Vous coupez la plante en petits morceaux puis vous la trempez avec un peu d’eau bouillante. Remuez pour obtenir une pâte et appliquez-la de la même façon que pour la plante fraiche. Même application que pour les plantes fraîches.

Vous pouvez utiliser la bardane pour les problèmes de peau, d’eczéma, la consoude pour les fractures (« la consoude consolide et resoude »), le gingembre pour les douleurs articulaires, la mauve en cas de démangeaisons, le plantain contre l’encombrement respiratoire etc.

Et si vous n’avez jamais fait de cataplasme, essayez au moins une fois. C’est vraiment un univers entier à découvrir.

Ingrédients :

  • 1/2 tasse d’eau
  • 24 gouttes d’huile de cannelle de Ceylan
  • Bouteille en verre avec vaporisateur

Etapes :

Ajoutez l’eau et l’huile de cannelle dans une bouteille en verre.

Ajoutez le bouchon de l’atomiseur et agitez vigoureusement.

Vaporisez la zone et laissez agir pendant 30 secondes avant de l’essuyer avec un chiffon humide.

Attention de bien secouer la bouteille avant chaque utilisation.

Et gardez votre désinfectant à la cannelle dans un endroit frais et sombre, à l’abri de la chaleur et du soleil pour prolonger sa durée de conservation.

Santé

Estelle Vanier


Sources : 

[1] Site L’essentiel de Julien, article “Comment faire un cataplasme au chou et pourquoi”; Février 2016