Cette équation bizarre vous met-elle la puce à l’oreille quant au végétal dont j’aimerais parler aujourd’hui ?

On l’appelle parfois « crinière du lion » ou encore « H**** hérisson ».

Mais personnellement je trouve qu’il ressemble davantage à un… lévrier afghan !

Regardez plutôt, c’est à s’y méprendre !

Il s’agit de l’hydne hérisson, Hericium erinaceus pour la nomenclature scientifique.

Un champignon qui apprécie les milieux forestiers et se développe essentiellement sur les chênes, les hêtres et les érables.

Il est beaucoup cultivé en Chine et au Japon, et consommé de manière générale en Asie dans les soupes ou pour faire des bouillons savoureux.

Et, en plus de cela, on utilise l’hydne hérisson pour ses propriétés médicinales, en médecine traditionnelle chinoise depuis des centaines d’années.

Ralentissement des dégénérescences (dues à l’âge ou non)

Ce champignon à l’impressionnante chevelure aurait une incidence positive sur le cerveau et le système nerveux.

Selon une étude en double aveugle, contre placebo, réalisée par des chercheurs japonais, l’Hericium erinaceus améliorerait les troubles cognitifs légers dus à l’âge chez des personnes âgées de 50 à 80 ans.1

Leurs résultats portent sur 30 patients (homme et femme) atteints de troubles cognitifs légers, séparés pour l’étude en deux groupes :

  • les 15 premiers ont pris quatre comprimés de 250 mg contenant 96 % de poudre sèche du champignon trois fois par jour pendant 16 semaines.
  • les 15 autres, un placebo.

Des examens ont eu lieu à la 8e, 12e et 16e semaine et le groupe consommant de l’extrait de champignon présentait de meilleurs résultats que le groupe placebo, en termes de facultés cognitives.

Quand la prise d’Hydne hérisson s’arrête, les résultats cognitifs s’estompent également.

Résultats qui ont été reconfirmés par une autre étude japonaise, randomisée, en double aveugle, contre placebo, réalisée en 2019 : 12 semaines de supplémentation orale d’Hydne hérisson améliorerait les fonctions cognitives et surtout préviendrait la dégénérescence due à l’âge et les risques de démence2.

Pour cette utilisation, il existe des laboratoires qui proposent des extraits d’hydne hérisson :

  • Comme par exemple l’hydne produit par ce laboratoire autrichien (https://www.precieusesante.com/bien-etre/troubles-neurologiques/champignon-criniere-de-lion-en-poudre.html)
  • Ou encore celui du laboratoire français Super Smart 3

Mais ce n’est pas tout.

De nombreuses études tentent de découvrir quels composants sont à l’origine de ces effets neurologiques encourageants.

Deux familles de molécules ont été ciblées, pour leur capacité à traverser la barrière hémato-encéphalique de notre organisme grâce à leur petite taille : les héricénones et les érinacines.

La famille des érinacines fait surtout l’objet des dernières études car ses constituants auraient la faculté de stimuler la production d’un polypeptide impliqué dans la croissance, la prolifération et la survie des neurones : le facteur de croissance nerveuse, ou NGF (nerve growth factor en anglais).

Or, selon l’Inserm :

Chez l’adulte, le NGF pourrait être nécessaire à la récupération anatomique et fonctionnelle de tissus nerveux lésés. Il pourrait aussi s’opposer aux phénomènes pathologiques de dégénérescence neuronale dans des affections comme la maladie d’Alzheimer et les polyneuropathies diabétiques.4

De ce fait, le champignon Hydne hérisson intéresse les chercheurs parce qu’il pourrait jouer un rôle dans le traitement de maladies neurodégénératives pour lesquelles aucune solution satisfaisante n’existe à ce jour.

Dans une étude réalisée sur des souris, un traitement d’érinacine A (19 mg/g pris oralement pendant 30 jours) pourrait 5

  • réduire les agrégats de bêta-amyloïdes, qu’on identifie dans les neurodégénérescences comme la maladie d’Alzheimer
  • favoriser l’expression de l’enzyme de dégradation de l’insuline (cette enzyme est également chargée de dégrader la protéine B-amyloïde)
  • soutenir la prolifération de nouveaux neurones dans certaines régions du cerveau. 

300g par semaine suffisent…

Si vous ne désirez pas opter pour ce « chevelu », plusieurs études menées sur d’autres champignons ont mis à jour un lien entre déficience cognitive légère et prise de champignons alimentaires.

Des chercheurs de l’Université de Singapour ont ainsi publié en mars 2019 une étude menée sur plus de 600 personnes âgées de plus de 60 ans. Elles ont été suivies pendant 6 ans (2011-2017) à renfort de tests neuropsychologiques, questionnaires et entretiens approfondis pour mesurer différents aspects cognitifs tout au long de l’étude.

Les participants qui consommaient plus de 300 g par semaine de champignons cuits, réduisaient par deux les risques de déficience cognitive par rapport à ceux qui en mangeaient moins d’une fois par semaine6.

L’ergothionéine, un antioxydant qu’on retrouve dans beaucoup de champignons, serait à l’origine de ces bienfaits cérébraux !

Plusieurs études in vitro et in vivo ont démontré le potentiel neuroprotecteur de l’ergothionéine. Notamment chez des personnes atteintes de déficiences cognitives légères pour lesquelles on observe une concentration plasmique inférieure par rapport aux personnes en bonne santé, du même âge7.

Pour consommer cet antioxydant, pas besoin de vous fournir auprès d’un laboratoire en complément alimentaire : on en retrouve en très grande quantité dans les… cèpes !8

A très bientôt,

Estelle Vanier

 

Sources : 
[1] Koichiro Mori, Satoshi Inatomi, Takashi Tuchida, et al., « Improving effects of the mushroom Yamabushitake (Hericium erinaceus) on mild cognitive impairment: a double‐blind placebo‐controlled clinical trial », Phytotherapy research, 2008, https://doi.org/10.1002/ptr.2634
[2] Yuusuke SAITSU, Akemi NISHIDE, Kenji KIKUSHIMA, Kuniyoshi SHIMIZU, Koichiro OHNUKI, « Improvement of cognitive functions by oral intake of Hericium erinaceus », Biomedical Research, 2019,
[3] Site Super Smart; article “Lion’s Mane” sur la nutrition cérébrale, mis à jour le 30/03/2018
[4] Brachet, P, Le facteur de croissance nerveuse NGF : rôle dans la plasticité et la maintenance fonctionnelle de la cellule neuronale, Med Sci (Paris), 1990, Vol. 6, N° 9; p.854-862
[5] C.-C. Chen, T. T. Tzeng, C. C. Chen et al., “Erinacine S, a rare sesterterpene from the mycelia of Hericium erinaceus,” Journal of Natural Products, vol. 79, no. 2, pp. 438–441, 2016.
[6] Feng, Lei et al. ‘The Association Between Mushroom Consumption and Mild Cognitive Impairment: A Community-Based Cross-Sectional Study in Singapore’. 1 Jan. 2019 : 197 – 203.
[7] Barry Halliwell, Irwin K. Cheah and Richard M. Y. Tang, « Ergothioneine – a diet-derived antioxidant with therapeutic potential », FEBS Letters, 2018, doi:10.1002/1873-3468.13123
[8] Michael D.Kalaras, John P.Richie, Ana Calcagnotto, Robert B.Beelman, « Mushrooms: A rich source of the antioxidants ergothioneine and glutathione », Food Chemistry, 2017,