Chère lectrice, cher lecteur,

Phloroglucinol : ce mot vous dit-il quelque chose ?

Si ce n’est pas le cas, peut-être que cette image vous aidera :

Toujours pas ?

Pourtant, derrière cette molécule se cache l’un des médicaments les plus vendus en France : le célèbre Spasfon !!

Selon un rapport de l’ANSM (L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé), le Spasfon fait partie du top 5 des ventes en pharmacies !!

Source : Rapport de l’ANSM « Analyse des ventes de médicaments en France en 2013 », juin 2014

Antispasmodique, cette molécule détend les muscles et calme les douleurs liées à ces contractions anormales.

À noter qu’elle agit plus particulièrement sur les muscles lisses : ceux que l’on ne peut pas volontairement contracter (contrairement aux muscles striés comme votre diaphragme ou votre biceps).

C’est pourquoi le Spasfon est prescrit en cas de :

  • Colites et de spasmes intestinaux ;
  • Coliques hépatiques (comme lors de calculs des voies biliaires)
  • Douleurs des voies urinaires (notamment lors des douloureuses crises de coliques néphrétiques)
  • Ou de règles douloureuses (spasmes des voies utérines)

Ok pour la fiche technique.

Ce qu’on ignore, c’est que cette petite molécule est naturelle !

Et oui. Ce n’est pas une molécule de synthèse fabriquée en laboratoire mais une substance extraite de plantes.

Notamment de l’écorce d’un arbre qu’on retrouve fréquemment en France.

Le tilleul !

Oui c’est dans l’aubier, la sous-couche d’écorce tendre et claire, que l’on trouve cette molécule anti-spasmes : le phloroglucinol.

Professeur vs Big Pharma : un combat perdu d’avance ?

Parcs, avenue, places publiques, nombreux sont les lieux qui portent son nom ! Rappelons que cet arbre est un des symboles de la Révolution française : à cette occasion il a été planté dans de nombreux villages !

S’il est si apprécié ce n’est pas tant pour ses propriétés médicinales que pour son ombrage, sa robustesse et ses jolies feuilles en forme de cœur.

Connu depuis longue date il a fallu attendre le XXème siècle pour qu’un instituteur chevronné d’Arles-sur-Tech, dans les Pyrénées-Orientales, Monsieur François Domenach, mette en évidence ses propriétés remarquables.

Ce « hussard noir de la République »[1] était atteint de la « gravelle », pathologie « produite par des concrétions semblables à des petits graviers » qui se forment dans les reins et la vessie.

Comme beaucoup de ses collègues, M. Domenach « aimait à herboriser à ses moments perdus », et c’est parmi les plantes qu’il ramassait au hasard de ses promenades, qu’il décida de chercher celle qui pourrait le soulager.

Ce qu’il découvrit, il le communiqua à l’Académie de Sciences en 1916. Mais celle-ci ne lui répondit jamais.

Après tout, ce n’était qu’un instituteur…

Et puis il faut dire qu’il y avait en face de lui… un poids lourd en train d’émerger…

… Le laboratoire Lafon, de Montpellier, qui allait créer un médicament à base de phloroglucinol, destiné à calmer les douleurs d’origine biliaire, notre célèbre Spasfon.

Vous voyez que les « pressions » des laboratoires, ça ne date pas d’hier…

Encore un « pisse-mémé » pour mieux dormir ? C’est faux !

Si vous pensez qu’il s’agit « simplement » de l’infusion des feuilles de tilleul que l’on prend avant d’aller se coucher, je vous arrête tout de suite.

Déjà, cette simple infusion n’est pas si simple que ça, au contraire :

  • Diaphorétique, saviez-vous qu’elle ouvre les pores de la peau et permet de laisser sortir la transpiration ? Quelques gorgées bien chaudes peuvent soulagent la fièvre.
  • Si votre tension augmente à chaque fois que vous allez chez le médecin ou que vous devez parler en public (on parle d’hypertension nerveuse) l’infusion de feuilles de tilleul fluidifie le sang et prévient les risques de caillot. C’est aussi recommandé en cas d’athérosclérose. (L’aubier aussi est efficace dans ce cas, je vous en parle plus bas)
  • Moins connu, la plante contient aussi des mucilages qui adoucissent les muqueuses irritées comme la gorge, l’estomac ou l’intestin. N’hésitez pas à en boire si vous n’avez pas de racines de guimauve sous la main par exemple.

Bref, on peut déjà saluer l’arbre !

Mais c’est encore plus flagrant avec l’aubier.

Sous-couche d’écorce, c’est la partie vivante dans laquelle circule la sève !


Un aperçu de l’aubier du tilleul

Avis aux « cumulards » du médicament, offrez-vous une vraie remise à neuf !

L’aubier de tilleul est un excellent draineur naturel, sans danger, ce qui le désigne pour une « remise à neuf » périodique de l’organisme.

Une cure d’aubier de tilleul (un verre matin et soir) débarrasse le sang de ses toxines, et facilite le travail de nettoyage du foie et de la vessie.

De plus, cholérétique il facilite l’expulsion de la bile et stimule les flux d’urine : ce qui permet d’expulser les intrus dehors !

Son avantage ? Contrairement à la fumeterre ou le pissenlit, l’aubier du tilleul n’est pas amer et donc plus facile à boire. Il a même un petit goût boisé assez agréable !

Cette cure est notamment indiquée chez toutes les personnes, le plus souvent âgées, qui subissent une « polymédication » en raison de leurs nombreux troubles fonctionnels et chroniques »[2].

En clair, les « super cumulards » du médicament.

Des personnes qui se retrouvent, souvent malgré elles, confrontées à des risques majeurs :

« Chaque nouvelle spécialité administrée (entendez chaque nouvelle pilule ou nouveau médicament) augmente en effet de 12 à 18 % le risque d’effet indésirable ». 

D’ailleurs, on estime que les accidents dus aux médicaments concernent jusqu’à un quart des admissions hospitalières !

Dans ces conditions, on voit que la « détox » n’est pas une lubie de magazine féminin, mais bien un impératif majeur, notamment pour protéger son foie.

Mais revenons à notre tilleul.

Tilleul VS Spasfon : la revanche de Dame Nature sur Big Pharma

Le problème avec le Spasfon c’est que c’est un traitement symptomatique : c’est-à-dire qui agit seulement sur le symptôme.

Ce n’est pas le cas avec le tilleul qui contrairement au Spasfon (focalisé sur une seule molécule) contient aussi :

  • Des polyphénols, antioxydants ;
  • De la tiliadine drainante ;
  • Des coumarines qui ont la capacité de soulager les douleurs, diminuer l’inflammation et renforcer la tonicité des veines !
  • Il est aussi riche en sels minéraux et oligo-éléments, ce qui lui permet de nettoyer le corps sans le déminéraliser ;
  • Et le phloroglucinol antispasmodique.

Il soulage les douleurs et les crampes mais agit aussi sur le cœur du problème : calculs, foie engorgé, acide urique…

Donc si vous souffrez d’insuffisance hépatique ou digestive, de calculs biliaires ou rénaux, d’arthrite ou de goutte (l’aubier dissout l’acide urique qui en excès peut provoquer ces symptômes) et même des migraines (d’origine hépatiques, on les reconnait par les douleurs aux yeux ou la présence de nausées) ou de ballonnements, il est fortement recommandé de le consommer en cure à chaque changement de saison !

Dans ce cas, faites bouillir environ 30 à 40g d’aubier coupé dans un litre d’eau froide, faites frémir une bonne dizaine de minutes puis laisser réduire aux ¾. Filtrez et buvez dans la journée chaud ou froid !

Pour les plus pressés (et notamment en cas de crise néphrétique comme notre cher professeur) vous pouvez le consommer sous forme d’ampoules. On les trouve assez facilement dans le commerce.

Dans les deux cas, je vous recommande toujours de privilégier l’aubier du tilleul sauvage de Roussillon.

Intéressant aussi en cas d’hypertension

J’aimerais vous présenter enfin une de ses facettes moins connues : ses propriétés hypotensives.

Certes, ce n’est pas la plante qui vient immédiatement à l’esprit lorsqu’on cherche à faire baisser la tension (on évoque généralement l’olivier ou l’aubépine[3][4][5]), mais je veux l’évoquer tout de même car je referme à l’instant une étude qui souligne encore les méfaits des médicaments hypotenseurs.

Il y a quelques mois, les autorités de santé américaines recommandaient de traiter toute hypertension, même les légères, c’est-à-dire lorsque la pression systolique (lors de la contraction cardiaque) du patient est comprise entre 140 et 159 mm Hg et/ou dès que sa pression diastolique (lors de la phase de repos) atteint 90 à 99 mm Hg.

Or une nouvelle étude portant sur plus de 38 000 personnes légèrement hypertendues a conclu que cette recommandation ne présentait aucun avantage : non seulement elle ne réduit pas le risque d’accident vasculaire cérébral ou d’infarctus du myocarde, mais elle expose en plus à des épisodes d’hypotension et à une altération de la fonction rénale[6].

Raison de plus pour s’intéresser à l’aubier de tilleul qui, cela mérite d’être rappelé, était autrefois remboursé par la sécurité sociale.

Tiens tiens, aurait-on peur que cette plante fasse de l’ombre à un médicament breveté ?

Alors avant de prendre de nouveau un Spasfon, on teste l’aubier du tilleul.

À bientôt dans une prochaine lettre.

Estelle Vanier